Lorsque Julie arriva au Bar du Lac, elle aperçut tout de suite la Clio grise de Patrick à l’extrémité du parking, garée sous un saule pleureur. Un homme était au volant. Il lui sourit lorsqu’elle se rangea à reculons à côté de sa voiture ; ça ne faisait aucun doute que c’était Patrick, le comptable de Paul. L’homme sortit de son véhicule et alla à la rencontre de Julie qui venait tout juste d’ouvrir sa portière. Il engagea la conversation.
— Bonjour ! Mademoiselle Bachelier je suppose ? Je suis Patrick Jeanblanc ! C’est moi qui vous ai appelée l’autre matin !
— Bonjour, oui, c’est moi Julie !
— J’ai réfléchi, si ça ne vous gêne pas, nous allons rester dans ma voiture. Je suis connu ici et vous également, je suppose ; les gens auront tôt fait d’imaginer de quoi l’on discute. Sous ce saule, ce sera plus discret !
— Oui, vous avez raison, ça parle beaucoup en ce moment !
Julie ferma sa voiture d’un clic de télécommande et rejoignit celle de Patrick qui, très courtoisement, lui tenait ouverte la porte-passager. C’est un homme qui affiche la quarantaine, un peu bedonnant, ce qui fit penser à Julie que celui-là, il était plus souvent au restaurant devant une bonne assiette qu’à transpirer dans une salle de sport. Il reprit sa place sur le siège conducteur et engagea la conversation.
— Comme je vous ai dit, je suis le comptable de votre maire. Je suis associé dans un gros cabinet de la ville et moi je m’occupe plus particulièrement des petits comptes : les artisans, les garagistes et les paysans, car aujourd’hui, toutes ces professions doivent avoir un comptable pour produire des documents certifiés. Dans le secteur, j’ai parmi ma clientèle quasiment tous les agriculteurs et aux Rocheaux j’ai les deux plus gros : Paul Martin et le pauvre François Durupt. Vous ne me voyez pas beaucoup dans le village, car, de nos jours, tout se passe par télétransmission : on échange des fichiers, avec les clients, avec les banques et on va de moins en moins sur le terrain.
Julie impatiente lui dit :
— Venons-en au fait !
— Vous avez raison ! Je comprends votre impatience, mais j’avais besoin de vous raconter tout cela pour que vous compreniez bien comment nous fonctionnons. Je veux vous dire également que je suis soumis au secret professionnel et que tout ce que je vais vous dire peut me valoir une lourde sanction de la part de mon ordre et je compte donc sur vous pour observer la plus grande discrétion.
— OK ! Vous avez ma parole ! Rien ne sortira de cette voiture !
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