Lorsque ce matin-là, Julie traversa la place pour se rendre aux Brimbelles boire son café, elle fut étonnée de ne pas voir le journal dépasser de la boite aux lettres du bistrot. Très souvent, c’est elle qui le prend, car Maurice, dès qu’il relève son rideau, doit préparer son bar pour être prêt au moment où les premiers clients viennent lui commander un petit noir. Pourtant, ce matin, c’était lui qui l’avait retiré de la boite aux lettres, car hier, il avait eu vent, en écoutant les conversations des uns et des autres, que le maire avait eu de gros soucis avec la justice. L’un des clients avait raconté l’avoir vu sortir de chez lui encadré par deux gendarmes et monter dans leur voiture. Que les gendarmes rendent visite au maire du village n’a jusque-là rien d’anormal, bien au contraire, car c’est chez lui qu’ils viennent glaner les informations sur le climat général de la commune, sur les petites affaires qui ne dépassent pas le vol de poules et qui font le quotidien d’un village, mais que, lorsqu’ils sortent de chez lui, ils l’emmènent dans la voiture de la gendarmerie est plus étonnant.
Dès qu’il ouvre le journal, la une lui saute aux yeux : un titre en gros caractères : « Un maire dans la tourmente », avec en dessous une photo du panneau d’entrée au village des Rocheaux et à côté, en médaillon, la photo de Paul Martin ceint de l’écharpe tricolore. Maurice lit l’article sans en manquer une phrase :
Un maire dans la tourmente.
La Haute Autorité pour la Transparence de la Vie publique vient une nouvelle fois de révéler au grand jour un processus mafieux qui, depuis plusieurs mois, concourait à remplir les poches d’un petit maire de campagne.
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